Depuis quelques temps déjà les médias se font l’écho de déclarations de jeunes femmes accusant des hommes d’attouchements sexuels voire de viols. Plus récemment des hommes racontent qu’ils ont été également les victimes de prédateurs dont certains sont des personnalités connues du grand public. Le public semble découvrir que cela existe vraiment et que tous les milieux sont concernés. Après l’église, le cinéma, le journalisme, l’armée, l’hôpital et puis d’autres encore. Cela ne va pas s’arrêter là et on va découvrir que tous les milieux sont touchés, même ceux que l’on considère comme les plus sains. Celles et ceux qui parlent mettent à profit leur notoriété pour révéler au grand jour des évènements qui remontent parfois à plusieurs dizaines d’années. Parallèlement, d’autres, peut-être encouragés par les premiers, se mettent à parler d’évènements plus récents.
Plus le temps va passer et plus les victimes vont parler. Elles parlent bien sur pour tenter de soulager leurs souffrances enfouies, mais aussi pour permettre à celles et ceux qui n’ont pas encore osé, de parler à leur tour.
Et tout le monde de s’extasier et de dire que cela est bien de révéler enfin les choses. Les mêmes d’ailleurs qui, il n’y a pas si longtemps, s’étonnaient que les victimes ne parlent pas plus tôt et qui laissaient entendre qu’elles l’avaient probablement un peu cherché.
Et puis il y a ceux qui savaient et qui n’ont rien dit. Sont-ils seulement conscients de leur complicité avec les prédateurs? Sont-ils conscients que le fait de ne pas dénoncer un crime peut les amener devant la justice?
Ne vous faites pas d’illusion: dans chaque instance, on va faire en sorte que celles et ceux qui ont parlé payent pour avoir fait des révélations qui discréditent le milieu qui les a fait vivre et grandir. Les prédateurs restent puissants et continuent à dominer leurs victimes ainsi que ceux qui ont vu et qui n’ont rien dit. Le silence et la complicité des témoins font parties de leurs armes. Nous sommes à une époque où les sociétés, et peut-être même les civilisations, s’affrontent, où les guerres menacent dans diverses parties du monde. Partout, et tous le temps, les hommes ont utilisé le sexe comme une arme de guerre et un instrument de soumission.
Alors que faire? Faut-il baisser les bras, se faire une raison et se dire que tout cela est bien malheureux mais qu’on y peut rien? Certainement pas!
D’abord, il faut aider les victimes à parler. Il y a de plus en plus d’associations (à commencer par #My too) pour soutenir celles et ceux qui sont concernés. Mais cela ne suffit pas. Ce n’est pas parce qu’on a parlé qu’on est soulagé. Ce n’est que la première étape d’une reconstruction qui souvent est longue et difficile. Car, s’il faut encourager la parole il faut également encourager l’écoute. Une écoute bienveillante bien sur que chacun peut exercer mais surtout une écoute professionnelle. Il est très compliqué pour une victime d’aller voir un professionnel de l’écoute pour raconter et raconter encore une histoire qu’elle voudrait oublier. C’est pourtant à ce prix que le soulagement arrive. Il importe donc que, au delà de cette écoute bienveillante que chacun peut proposer, il y ait une incitation à aller consulter.
Ensuite, il faut prévenir. Il appartient aux parents, et aux éducateurs en général, d’informer les enfants des dangers qui les guettent. Il faut enseigner, aux filles et aux garçons, la sexualité et ses dangers autrement qu’en leur racontant des histoires de choux et de roses. A l’approche de la puberté (et même parfois avant) ils seront confrontés à la convoitise des prédateurs (qui auront parfois quasiment leur âge) et à des informations tronquées, excessives telles que les films pornographiques. En même temps il ne faut pas faire de la sexualité un tabou. Au moment où ils vont découvrir leur propre désir, il est indispensable de les aider à la comprendre, à y accéder s’ils le souhaitent, mais aussi à se méfier des mirages et des pièges tendus par des fréquentations mal intentionnées. Il faut apprendre aux plus jeunes que la sexualité est un plaisir qui ne se confond pas avec la violence, la soumission et le non consentement. Il faut leur apprendre qu’on peut dire non et qu’on ne doit rien imposer. Et peut-être, faut-il se poser la question, si notre enfant a été victime ou a été un agresseur, de savoir si nous avons su les prévenir et les éduquer suffisamment.
En conclusion, ils convient de favoriser la parole de celles et ceux qui ont des souffrances à raconter et des les aider à s’orienter vers des professionnels pour leur permettre de remonter la pente et, parallèlement il est indispensable d’éduquer les plus jeunes en les prévenant des dangers auxquels ils risquent de s’exposer tout en leur permettant de découvrir une sexualité épanouissante.