Tout commence par la consultation d’annonce. C’est le moment où le médecin vous annonce que vous êtes atteint d’un cancer. Selon son expérience, sa personnalité (et la vôtre), la gravité supposée de la maladie, l’effet de cette annonce sera plus ou moins désastreux.
La peur de la maladie est un phénomène naturel, mais certaines maladies nous semblent plus effrayantes que d’autres. Le cancer fait partie de celles-là parce qu’il véhicule des peurs de souffrances physiques, de traitements pénibles et douloureux, de mutilations physiques (chirurgie, perte des cheveux), d’une déchéance progressive qui amène inéluctablement à la mort. Ces peurs sont d’autant plus vivaces que notre histoire collective est pleine de récits véhiculant ces idées.
En même temps, nous craignons le regard des autres, qui font semblant de ne pas être inquiets et qui nous abreuvent de paroles qui se veulent rassurantes. Et puis nous avons honte de devoir imposer à nos proches des désagréments, des perturbations dans leur vie, de l’inquiétude, bref, de les faire souffrir alors qu’ils sont innocents comme si nous même étions coupables d’être malade.
Bon, remettons tout dans le sac et repartons du début.
Dès l’annonce de la maladie vous allez poser un nombre infini de questions à vos interlocuteurs (médecins et chirurgiens, radiothérapeutes, oncologues, etc.) en fonction du type de cancer, des thérapeutiques proposées, des complications et des séquelles éventuelles et, la grande question qu’on finit toujours par poser : quelles sont mes chances ? Et là on va vous expliquer que votre type de cancer guérit dans, par exemple, 95% des cas et qu’il y a lieu d’être optimiste. Evidemment, une idée vous vient immédiatement à l’esprit, mais peu d’entre vous poseront cette question : et si j’étais dans les 5% ? Et le scenario catastrophe commence. Cette peur de ne pas être « guérissable » s’ajoute à toutes les peurs évoquées plus haut. Tout le monde est bien gentil avec vous (soignants, famille, amis) et se veut rassurant mais rien ni personne n’arrive à vous désangoisser.
Les psychanalystes utilisent parfois cette formule : mettre des mots sur des maux. Bien que cette expression soit un peu surannée et plutôt passe-partout, elle peut, cependant, être le point de départ d’une réflexion sur soi-même. Disons plutôt qu’il est indispensable de parler de ses souffrances. Face à ces peurs qui nous envahissent, il est important d’effectuer un travail d’analyse de ce qui nous menace vraiment par rapport à nos craintes irraisonnées. Vous avez besoin de quelqu’un qui vous écoute, qui vous laisse vous exprimer librement, qui vous aide à trier toutes les idées qui vous traversent, qui vous soutient psychologiquement et qui vous aide à trouver les bonnes réponses. C’est la mission du psychanalyste. Il peut vous aider parce que c’est son métier, parce qu’il n’est pas votre soignant, parce qu’il n’est pas un membre de votre famille. Rappelez-vous ! Le psychanalyste ne vous juge pas. Il sait cependant écouter et entendre ce que vous avez à dire, même si parfois vous n’arrivez pas à l’exprimer. Le psychanalyste, en vous offrant le temps et le calme de son écoute, va marquer une rupture, une respiration, par rapport à votre quotidien bousculé par les traitements, vos angoisses et des réflexions de proches parfois maladroites comme : arrête de voir tout en noir, ou bien : prend sur toi. C’est toujours facile de prodiguer des conseils lorsqu’on n’est pas directement touché.
Le psychanalyste, lui, ne vous dit pas ce qu’il faut faire mais vous guide pour vous permettre de trouver vous-même votre réponse face à l’agression qui constitue la maladie. Il sait que toutes ces souffrances sont liées bien sûr à la peur de la maladie, mais aussi qu’elles prennent racine dans notre vécu personnel, dans les traumatismes passés et parfois oubliés, c’est-à-dire dans notre inconscient. C’est pourquoi, même s’il y a souvent des points communs, chacun réagit de manière personnelle à cette épreuve. La psychanalyse, en vous faisant redécouvrir les craintes enfouies dans votre inconscient, va vous permettre de découvrir pourquoi vous réagissez de telle façon et va vous aidez à forger vos propres armes pour votre défense.
Un dicton populaire dit en substance: le moral, c’est 50% de la guérison. Là aussi, c’est un peu simple mais il y a une part de vérité. L’objectif n’est pas d’afficher un optimisme de façade, en quelque sorte pour conjurer le sort. Le véritable objectif est de comprendre et de savoir que nous avons les ressources nécessaires pour faire face et mener le combat. Il suffit de les trouver. C’est à ça aussi que sert la psychanalyse.
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